Des États-Unis à l’Europe, des régions de partout dans le monde sont engagées dans une course au sommet des technologies propres et accélèrent les investissements dans les énergies renouvelables et les solutions climatiques. L’heure est venue pour le Canada d’entrer dans la course.
D’après un nouveau rapport s’appuyant sur l’avis de spécialistes et sur des études de groupes de réflexion et de groupes de recherche renommés, le gouvernement fédéral doit consacrer 2 % du PIB à des investissements propres (soit 2 cents pour chaque dollar de richesse produite au pays) sur cinq ans pour éviter les pires effets des changements climatiques tout en demeurant concurrentiel au sein d’une économie mondiale propre. Un sondage récent montre qu’une majorité de Canadien.ne.s est favorable à ce que 2 % du PIB canadien soient consacrés à des investissements climatiques pour un avenir sécuritaire et florissant.
Les États-Unis ont récemment adopté la Loi sur la réduction de l’inflation, la plus grande mesure jamais prise par notre voisin du sud pour combattre les changements climatiques. L’Union européenne a emboîté le pas avec des propositions clés à l’appui de son secteur de l’énergie propre.
Quant au Canada, il demeure le pays du G20 qui accorde le plus de subventions aux énergies fossiles et figure constamment au rang des membres du G20 qui investissent le moins dans les énergies renouvelables.
L’exploitation à grande échelle des énergies renouvelables et la connexion interprovinciale des réseaux électriques peuvent réduire l’impact des changements climatiques provoqués par la combustion de combustibles fossiles et diminuer le risque de catastrophes naturelles.
Ces investissements feront passer le bien-être des Canadiens et Canadien-ne-s en premier. Ils financeront des projets d’énergie renouvelable dirigés par les peuples autochtones, construiront un réseau électrique interprovincial propre qui rejoindra toutes les communautés rurales et urbaines, protégera les droits des travailleurs et travailleuses et créera les bons emplois qui alimenteront l’économie propre.
Investir 2 cents pour chaque dollar de PIB sur cinq ans, c’est faire une mise de fonds en faveur d’un avenir juste et sécuritaire pour toute la population canadienne.
Créer des emplois pour les travailleurs et travailleuses et les jeunes qui assureront l’avenir climatique et la robustesse d’un Canada alimenté par les énergies renouvelables.
En 2022, 12,7 millions de personnes dans le monde travaillaient dans le secteur des énergies renouvelables – un bond de 700 000 personnes en seulement 12 mois. Cette tendance se reflète également au Canada : selon un rapport publié en 2021 par Clean Energy Canada, le secteur de l’énergie propre emploiera 639 200 personnes d’ici 2030, une augmentation de près de 50 pour cent par rapport aux 430 500 emplois signalés en 2020.
À mesure que l’économie mondiale délaissera les combustibles fossiles au profit des énergies renouvelables, l’industrie pétrolière et gazière continuera de supprimer des postes parallèlement à une croissance de la demande de main-d’œuvre dans le secteur des énergies propres. En investissant dans des projets de diversification économique dans les communautés touchées par cette transition, on créera des emplois locaux bien rémunérés qui aideront les travailleurs et travailleuses à bâtir une économie stable et autosuffisante à long terme. Le Canada a signé des accords contraignants de l’Organisation internationale du travail pour aider à transformer la main-d’œuvre dans le but d’atteindre des cibles climatiques tout en protégeant les travailleurs et travailleuses du Canada touché·e·s par la transition.
La transformation de la main-d’œuvre canadienne doit s’accompagner d’un dialogue social, d’une protection des droits du travail, d’une protection sociale et de consultations supplémentaires auprès des groupes touchés, conformément aux droits de la personne et au principe d’équité. En investissant dans de bons emplois et dans la formation des jeunes travailleurs et travailleuses, on préservera la qualité de vie des familles et on répondra à la nouvelle demande de main-d’œuvre qui alimentera l’économie propre.
Renforcer la résilience aux impacts climatiques à l’aide de mesures comme la réparation et la modernisation des infrastructures, la réhabilitation des zones naturelles, les investissements dans la santé publique et bien plus.
En investissant dans des infrastructures et des processus à l’épreuve des changements climatiques, on aide les Canadiens et Canadien-ne-s à faire face aux impacts négatifs de ces changements. Par exemple, des stratégies comme la restauration des bassins hydrographiques et la pose de revêtements perméables en vue de réduire le ruissellement peuvent limiter les conséquences des tempêtes et réduire le risque d’inondations. En investissant dans les ressources de santé publique comme l’éducation, la sensibilisation des communautés vulnérables, les centres de rafraîchissement et autres formes de soutien aux groupes vulnérables comme les personnes âgées et les communautés à faible revenu, on contribue à diminuer les risques qui pèsent particulièrement sur ces groupes durant les épisodes de chaleur extrême.
Soutenir les politiques climatiques autochtones et les projets dirigés par les peuples autochtones, comme les initiatives communautaires d’énergies renouvelables, d’adaptation et de protection du territoire, tout en garantissant l’inclusion réelle des peuples autochtones aux processus décisionnels
Les peuples autochtones possèdent de profondes connaissances communautaires sur la protection de la nature et leur leadership face à la crise climatique est inestimable. Aux États-Unis et au Canada, le leadership autochtone et la résistance des peuples autochtones aux projets de combustibles fossiles ont permis de prévenir l’équivalent de 25 % des émissions annuelles américaines et canadien-ne-s.
Pour que l’action climatique soit efficace et juste, les peuples autochtones doivent avoir un véritable siège à la table de négociation.
Améliorer la résistance, l’efficacité énergétique et la protection contre les effets climatiques des maisons et des bâtiments, en commençant par les milieux vulnérables et à faible revenu.
En réaménageant les maisons et les bâtiments de manière à en améliorer l’isolation, la ventilation et le contrôle de l’humidité, on améliore l’efficacité énergétique et on diminue les émissions et les factures d’électricité grâce à un moindre recours au chauffage et à la climatisation. L’amélioration de la qualité de l’air réduit également le risque de moisissure et d’asthme.
Dans les milieux vulnérables et à faible revenu, le réaménagement des maisons peut sauver des vies. La canicule de 2021 en Colombie-Britannique a fait 595 victimes, dont la plupart étaient des personnes âgées à faible revenu. En veillant à la résistance aux changements climatiques de l’ensemble des maisons et des bâtiments, à leur efficacité énergétique et à leur faible coût énergétique, on contribue à protéger les personnes les plus vulnérables.
Construire plus de sources d’énergie renouvelable et investir dans un réseau électrique interprovincial afin de fournir une électricité propre et abordable à toutes les communautés, qu’elles soient rurales, éloignées ou urbaines.
Les provinces où l’énergie est produite à partir de sources renouvelables comme l’hydroélectricité ont généralement les tarifs d’électricité les plus bas du pays. En intensifiant la production d’énergie renouvelable et en veillant à la connectivité interrégionale des réseaux électriques, on garantira l’accès de toutes les communautés à des tarifs d’électricité abordables et à des factures d’énergie réduites.
Protéger et restaurer la nature en réduisant les plastiques, en réutilisant les matériaux, en empêchant le gaspillage et en investissant dans l’intendance autochtone et les initiatives autochtones axées sur les terres.
À l’opposé d’une mentalité où la nature est vue comme une ressource détachée des humains devant être exploitée, la conservation des forêts et des écosystèmes offre de multiples avantages, notamment le stockage du carbone, la conservation d’un habitat pour les animaux et l’amélioration de notre santé mentale et de notre bien-être.
De plus, en donnant la priorité à une économie circulaire grâce à la réutilisation et au recyclage des matériaux, on peut réduire le gaspillage et notre empreinte écologique.
Cultiver des aliments de manière durable et renforcer les pratiques agricoles de manière à améliorer et à protéger les moyens de subsistance des agriculteurs et agricultrices.
Les agricultrices et agriculteurs réclament une aide financière pour pouvoir produire des aliments de manière durable et utiliser des pratiques de gestion bénéfiques dans des domaines comme la gestion de l’azote, l’entreposage et la manutention du fumier et du lisier, la gestion du bétail, la gestion des sols et la gestion des milieux humides et arborés. Il a été démontré que ces stratégies réduisent les émissions de gaz à effet de serre, augmentent le stockage du carbone et renforcent la résilience des fermes canadien-ne-s – permettant à ces dernières de continuer de produire des aliments sains de manière durable pour les générations à venir.
Verser une juste contribution canadienne à l’appui de la transition vers des énergies renouvelables et de l’adaptation aux conséquences des changements climatiques dans les pays en développement.
Lors de l’adoption de l’Accord de Paris en 2016, le Canada et d’autres pays développés se sont engagés à investir collectivement 100 milliards de dollars américains par an pour aider les pays en développement à atténuer les effets des changements climatiques. Cet objectif n’a jamais été atteint. Le Canada a augmenté sa contribution au financement international de la lutte contre les changements climatiques, mais il est encore très loin d’honorer ses engagements de l’Accord de Paris.
Deux cents pour chaque dollar de produit intérieur, ce n’est pas cher payé pour la longue liste de retombées dont profitera la population canadienne. Ces investissements dans notre avenir collectif pourraient être financés à partir d’une grande variété de sources, notamment la réaffectation de l’aide financière aux combustibles fossiles vers les énergies renouvelables, la création d’une banque publique verte ou le prélèvement d’un impôt sur les bénéfices exceptionnels de l’industrie pétrolière et gazière. Ces solutions aideront le Canada à s’affranchir des combustibles fossiles, la cause des changements climatiques, au profit des énergies renouvelables. Nous avons tout à gagner à investir dans un avenir équitable, sécuritaire et abordable – et tout à perdre si nous n’agissons pas dès maintenant. Toutes les enquêtes le confirment : la population canadienne appuie les investissements climatiques. D’après un récent sondage, 8 personnes sur 10 considèrent qu’il est important d’investir dans l’énergie propre en réponse à la Loi américaine sur la réduction de l’inflation.
Pour en savoir plus, veuillez consulter le rapport Dépenser ce qu’il faut, publié conjointement par le Centre canadien de politiques alternatives et le Réseau action climat Canada, en consultation avec de multiples partenaires à la fine pointe de la recherche sur le climat au Canada.
De nouvelles données de Vivic Research, un cabinet de conseil économique, montrent que d’ici 2028, un tel investissement créerait plus de 225 000 emplois dans divers secteurs canadiens, dont les transports, l’énergie renouvelable, la construction et la fabrication.
Le Canada devrait s’inspirer de l’exemple des États-Unis et investir dans des mesures climatiques qui libèrent notre économie et nos factures de leur dépendance à la volatilité du cours du pétrole et du gaz.
Les Canadiens et Canadien-ne-s ressentent la double morsure de “l’inflation fossile” : la montée en flèche du prix de l’énergie et des aliments provoquée par la hausse du cours du pétrole et du gaz et les conséquences dévastatrices de la crise climatique. Il est maintenant temps pour la ministre des Finances, Chrystia Freeland, de réaliser les investissements nécessaires pour répondre à la convergence de crises qui nous assaillent et transformer l’économie canadienne afin qu’elle reste concurrentielle dans un contexte mondial en évolution.
Caroline Brouillette
Directrice générale par intérim du Réseau action climat Canada
Investir de manière équitable, c’est accorder la priorité à la population canadienne. Par exemple, financer des projets d’énergies renouvelables dirigés par les peuples autochtones, construire un réseau électrique interprovincial qui rejoint toutes les communautés, rurales comme urbaines, et réaménager les maisons des familles à faible revenu pour les rendre plus sûres et résilientes et aux impacts climatiques. En investissant de manière plus équitable dans les énergies renouvelables et les solutions climatiques, on favorisera l’équité concurrentielle avec les riches et puissantes sociétés pétrolières et gazières. Nos deniers publics devraient servir à construire une société durable et équitable et alimenter une économie verte pour les générations futures.
Shanaaz Gokool
Directrice générale de Leadnow
Il serait sage pour le gouvernement du Canada de présenter son propre programme industriel carboneutre […]. Après la Loi américaine sur la réduction de l’inflation, le plan industriel du pacte vert de l’UE et le règlement « zéro émission nette » de l’EU, il est clair que de grandes économies du monde s’efforcent de devenir des chefs de file d’un avenir carboneutre. Une occasion historique se présente aujourd’hui et il appartient maintenant au premier ministre Trudeau de la saisir en 2023.
Max Gruenig
Conseiller principal en politiques d’E3G, un groupe de réflexion indépendant sur les changements climatiques
Un investissement de 2 % du PIB, c’est trois fois rien pour accélérer le développement d’une économie tournée vers les énergies renouvelables et garantir un avenir sécuritaire et viable. Un tel invetissement permettrait de soutenir une brigade jeunesse pour le climat dans le but d’enseigner aux jeunes les compétences nécessaires à l’édification d’une économie carboneutre – ce qui pourrait donner aux jeunes des provinces les plus durement touchées par la transition, notamment l’Alberta, un travail utile soutenant une bonne qualité de vie et un espoir pour l’avenir.
Juan Vargas
Organisateur de la Climate Emergency Unit